Quelques valeureux soldats de l'armée ennemie traversent la Tranchée

Cinq grands combattants connus comme invincibles parmi les Arabes traversèrent la tranchée. Amr Bin Abdiwad, 'Ikrimah Bin Abou Jahl, Hubayrah Bin Wahab, Nawfal Bin Abdullah et Zirar Bin Khattab, se vêtirent de leurs tenues de combats et, debout face aux formations armées des Béni Kananah, déclarèrent avec beaucoup de superbe : Soyez prêts à combattre ; aujourd'hui nous allons faire la preuve de qui sont les valeureux combattants de l'armée des Arabes. - Puis, chevauchant leur monture, ils s'élancèrent et franchir la tranchée à un endroit où elle était un peu moins large qu'ailleurs et ce, sous un flot de flèches en provenance des formations régulières islamiques chargées de la défense de la tranchée ; mais, à peine parvenus de l'autre côté de la tranchée, ce groupe composé des plus hardis combattants ennemis fut encerclé par les combattants de l'Islam.

Ces gens étaient venus aussi pour entreprendre la coutume du combat singulier et l'endroit où ils furent sous contrôle des formations régulières islamiques était à mi-chemin entre la tranchée et le mont Sal'a où s'était installé le Quartier général de l'Armée Régulière Islamique. Les valeureux combattants ennemis paradaient sur leur monture, faisant preuve de beaucoup d'assurance et de vanité, appelant au combat singulier d'éventuels adversaires en haranguant les formations régulières islamiques. 

Parmi ce groupe des cinq combattants les plus titrés parmi les formations ennemies, il y en avait un encore plus courageux que les autres, il appelait au combat singulier avec force et détermination ; à chaque instant il faisait entendre le ton guerrier de sa voix et répétait sans cesse sa demande d'un adversaire. Le silence des combattants de l'Islam le mettait encore davantage en colère, enragé il déclara : Où sont ceux qui désirent le Paradis ? N'êtes-vous pas les fameux Musulmans qui clament à la ronde que chacun d'entre vous qui est tué au combat va tout droit au Paradis et que chacun d'entre nous qui est tué au combat va en Enfer ? Y a-t-il, parmi vous, un seul qui désire m'envoyer en Enfer ou qui désire entrer au Paradis par mes mains ? - Puis, il composa quelques vers concernant cette affaire et le premier disait : Je suis épuisé de clamer mon ardeur au combat singulier et de vous haranguer pour décider un adversaire, ma voix a fini par s'enrouer.

Silence, silence au sein des formations régulières islamiques face aux harangues violentes de Amr au point où le Prophète donna l'ordre de lui répondre mais, aucun des combattants de l'Islam n'était prêt au combat singulier avec ce puissant guerrier ennemi sauf un : Ali Ibn Abi Tâleb. L'ordre donné par le Prophète ne laissait aucune autre alternative que celle d'aller combattre Amr et, cette tache incombait au plus valeureux combattant de l'Islam au nom glorieux de Ali Ibn Abi Tâleb.

Le Prophète lui remit son sabre, lui banda le front d'une étoffe spéciale et pria pour lui en ces termes : ô Dieu ! Accorde Ta Protection à Ali de tous les côtés. ?
Seigneur ! Ubaydah Bin Harith me fut enlevé lors de la Bataille de Badr ; puis ce fut le tour du justicier de الله-Dieu, Hamzah, qui me fut enlevé lors de la Bataille de Uhud. ? Le Protecteur ! Accorde Ta Protection à Ali contre le mal de son ennemi. - Puis, le Prophète récita le Verset suivant : " Mon Seigneur ! Ne me laisse pas seul ! Tu es le meilleur des héritiers ! ". (Coran 21/89) 

Ali s'empressa d'aller au combat singulier et le Prophète déclara ces propos historiques : La totalité de la Croyance va s'affronter à la totalité de l'Infidélité. Ali s'adressa à son adversaire en ces termes : Ne sois pas pressé, un solide adversaire est sur le terrain du combat singulier pour donner une réponse à ta requête. Tout le corps d'Ali était recouvert d'une épaisse armure, juste l'éclat de ses yeux apparaissait à travers la visière de son casque et, Amr désireux d'identifier son adversaire demanda : Qui es-tu ? - Ali, dont l'intonation de la voix était connue de tous, répondit : Je suis Ali, fils de Abu Tâleb. - Amr ajouta : Je ne veux pas faire couler ton sang car ton père était l'un de mes meilleurs amis et je ne comprends pas la raison faisant que ton cousin t'envoie au combat singulier contre moi car, je peux te transpercer de ma lance et te soulever entre ciel et terre, mort ou vif.

Le savant Ibn Abil Hadid a dit : Lorsque mon professeur d'histoire, Abul Khayr, commentait cet événement, il avait l'habitude de dire : En vérité, Amr avait peur de combattre contre Ali car, présent à la Bataille de Badr et à celle de Uhud, il avait pu apprécier la témérité combative de Ali. En se ventant de sa capacité à lever Ali entre ciel et terre au bout de sa lance, il voulait surtout impressionner Ali et le dissuader de combattre contre lui. - Ali répliqua : Ne te préoccupes pas au sujet de ma mort car, dans tous les cas de figures, que je sois tué ou que je te tue, je suis béni et ma place est au Paradis. Quant à toi, dans tous les cas de figures, ta place est en Enfer. - Amr esquissa un sourire et dit : ô Ali ! Cette division n'existe pas car, l'idée de Paradis et d'Enfer t'appartient en propre.

Ali se souvint qu'un jour il avait vu Amr poser la main sur l'étoffe recouvrant la Sainte Ka'ba et avait promis à الله-Dieu de répondre positivement à l'une des trois demandes éventuelles que lui ferait un ennemi avant de le combattre. Alors, Ali demanda à Amr : 1. D'embrasser l'Islam. - Son adversaire lui répondit : ô Ali ! Cela m'est impossible. 2. Cesse de combattre et laisse tranquille Mohammed - Son adversaire lui répondit : C'est là une proposition inacceptable de ma part car, demain, les poètes de toute l'Arabie déclameront des poèmes me ridiculisant et révélant que j'ai pris cette décision par crainte du combat. 3. Vois, ton adversaire est sur pieds, debout devant toi, descends de ta monture que nous commencions le combat l'un contre l'autre. - Son adversaire lui répondit : ô Ali ! C'est là une requête insignifiante pour moi, et jamais auparavant je n'ai pu imaginer qu'un Arabe me ferait part d'une telle sollicitation. 

Début du combat singulier entre les deux plus valeureux combattants de chaque camp : Le combat fut rude entre les deux héros, la poussière soulevée par les allers et venues les enveloppa au point où les spectateurs ne pouvaient se rendre compte de ce qui se passait réellement, ils ne pouvaient qu'entendre le bruit des sabres qui s'abattaient sur les boucliers ou sur les armures de chacun des combattants. Le sabre de Amr fut au-dessus de la tête de Ali et bien que celui-ci fit un geste pour esquiver le coup, se protégeant la tête de son bouclier, il fut blessé à la tête tellement le coup fut donné avec force. Mais, Ali n'en resta pas là et, à la première opportunité rendit la pareille à son adversaire en lui portant un coup terrible à la jambe qu'il sépara du corps de Amr qui tomba au sol.

La voix de Ali proclamant le takbir se fit alors entendre et ses compagnons comprirent qu'il venait d'emporter la victoire sur son adversaire. De voir Amr à terre terrifia les autres combattants qui se tenaient à proximité, ils s'enfuirent au galop et repassèrent la tranchée sauf un, Nawfal dont le cheval s'écrasa en plein milieu de la tranchée. Les combattants de l'Islam qui assistaient à la scène commencèrent à lui jeter des pierres. 

Alors, Nawfal cria : Tuer un combattant de cette façon n'est pas un acte glorieux ; laissez venir jusqu'à moi un homme afin que nous puissions combattre l'un contre l'autre. - Ali sauta au milieu de la tranchée et tua Nawfal. Déjà auparavant une partie des formations ennemies avaient été recouvertes de la crainte, mais, cette fois, l'ensemble des armées de la coalition militaire judéo-idolâtre fut pris de panique et Abou Soufiyan fut certainement celui qui fut le plus terrifié par tout ce qu'il venait de voir. 

Immédiatement il craignit que les Musulmans, pour se venger des nombreuses mutilations portées au corps sans vie de Hamza lors de la Bataille de Uhud, n'en fassent autant au corps de Nawfal, il envoya un soldat acheter le corps du défunt pour dix mille dinars, mais, le Prophète déclara ceci : Remettez-leur le corps sans vie de leur compagnon car, il n'est pas permis en Islam, d'accepter une somme pour rendre à quelqu'un un corps sans vie.

L'impact de la victoire de Ali Ibn Abi Tâleb, Que la Paix soit avec lui : Ali venait d'en finir une bonne fois pour toute avec la vie de deux des pires ennemis de l'Islam ; il fit aussi revenir à la réalité tous ceux qui tremblèrent en entendant les derniers gémissements émis par Amr en train de mourir, les milliers de combattants constituant les formations de la coalition militaire judéo-idolâtre furent pris de panique, eux à qui les fameux chefs idolâtres et juifs leur avaient promis de culbuter les infrastructures de l'état Islamique. 

Ces deux actes de bravoure de la part de Ali ont fait la différence entre sa détermination d'en finir avec les pires ennemis de l'Islam et l'arrogance qu'ils affichaient en haranguant avec violence les formations régulières islamiques ; mais, ils ont fait aussi que la victoire des formations régulières islamiques sur les formations de la coalition militaro-judéo-idolâtre était maintenant totalement assurée.

Lorsque Ali se présenta devant le Prophète, celui-ci déclara : La valeur de ces actes téméraires de la part de Ali dépasse la valeur de tous les actes réunis de mes disciples parce que la défaite des grands héros de l'Infidélité a donné aux Musulmans honneur et dignité, alors que la communauté des infidèles a connu le déshonneur et la honte. 

Ali Ibn Abi Tâleb (s) fut critiqué pour ne pas avoir dépouillé son adversaire de son armure : La cotte de mailles de 'Amr représentait une grande somme mais Ali était bien trop désintéressé par cet aspect de la chose pour en profiter et dépouiller le corps sans vie de son adversaire. Aussi, le second calife critiqua sa position et lui reprocha de ne pas avoir dépouillé Amr de sa cotte de mailles. Alors, la sœur de Amr se fit voir et déclara en public : Je n'ai aucun ressentiment concernant la mort de mon frère car il a été tué par les mains d'une personne d'honneur et de dignité ; dans le cas contraire, je n'aurais cessé de verser des larmes pour le restant de ma vie. 

Les raisons des différences au sein des formations de la coalition militaro-judéo-idolâtre : La motivation des formations qoraïchites et de leurs alliés n'était pas la même que celle des formations juives en matière de lutte contre l'Islam. Les juifs étaient terrorisés par la simple expansion de la Vérité islamique tandis que les qoraïchites et leurs alliés entretenaient une animosité née de la jalousie portée à l'un des leurs dès les premiers instants de sa Mission divine. Là, pour les raisons de fond mais, d'autres raisons faisaient que l'intérêt de certains juifs dans cette Bataille n'étaient pas du tout les mêmes que ceux de leurs amis idolâtres. En exemple, rappelons la condition de la participation des Béni Ghatfan et Fazarah et autres tribus, qui avaient obtenu de pouvoir séjourner à Khaybar après la victoire dont personne, parmi cette coalition imposante, ne doutait de remporter. Donc, l'intérêt du groupe juif était purement matériel et si les juifs pouvaient parvenir à leurs fins en se faisant aider des formations idolâtres, ils en seraient très heureux car les rigueurs de l'hiver, la durée du siège de Médine, le manque de provisions, tout avait contribué à les affaiblir et à rendre presque inutiles les animaux qu'ils avaient amenés avec eux dans cette aventureuse entreprise qui ne semblait par leur être du tout favorable.

Le Prophète de son côté, en fin stratège et connaissant les juifs et leur avidité portée à la matière, nomma une personne pour qu'elle entreprenne éventuellement des pourparlers avec leurs chefs religieux et politiques devant déboucher sur un accord. Il s'agissait en échange de leur remettre un tiers de la récolte des palmiers-dattiers de Médine, que les juifs sortent de la coalition militaire et qu'ils retournent dans leur région respective. Les émissaires établirent un projet d'agrément avec les chefs juifs et le soumirent à l'approbation du Prophète et de son Conseil. 

Avant toute décision, le Prophète plaça le projet d'agrément à la décision de deux officiers de renommée, Sa'd Mu'az et Sa'd Ubadah qui, après l'avoir étudié, dirent : Si cet agrément doit être conclu en accord avec un Ordre de الله-Dieu, alors il est tout à fait convenable pour l'intérêt des Musulmans mais, si cet agrément représente l'unique point de vue du Prophète alors, il ne doit pas aller plus loin que sa simple rédaction sous forme de projet et demeurer sans suite.

Les officiers appuyèrent leur résolution en déclarant : Nous n'avons jamais payé un quelconque tribut à ces gens et jamais aucun d'eux n'a eu le courage de nous enlever pas même une datte par la force ou la contrainte. Que dire aujourd'hui où nous avons embrassé l'Islam ? Que dire aujourd'hui où nous sommes placés sous ta guidance ? Que dire aujourd'hui où nous sommes devenus des personnes honorables et respectées par les enseignements de l'Islam ? Il est hors de question que nous donnions à ces gens quoi que ce soit en échange d'autre chose. Par الله-Dieu ! Nous répondrons à leur vœu par nos sabres pour autant que notre affaire demeure sous le Commandement de الله-Dieu.

Ici, le Prophète leur expliqua la stratégie de son plan : Au cas où vous seriez à un moment ou à un autre débordés par une attaque massive des formations idolâtres, j'ai pensé que dans ce cas il y aurait à diviser les rangs de la coalition. Or, après votre judicieuse remarque et volonté de ne pas composer avec l'ennemi, j'entérine votre résolution et je vous confirme ceci : الله-Dieu n'humiliera pas Son Prophète et tiendra Sa Promesse de faire triompher le Monothéisme sur le polythéisme. - Ici, Sa'd Mu'az fit un trait en travers du projet d'agrément avec l'accord du Prophète et déclara : Que les idolâtres entreprennent ce qu'ils ont projeté d'entreprendre, nous ne sommes pas gens à leur payer un tribut.