Le Pèlerinage d'Adieu du Prophète

?tant donné que la période du Pèlerinage annuel s'approchait, le Prophète commença à faire les préparatifs en vue de son Pèlerinage à la Mecque. IL invita les gens de toutes les régions de la Péninsule à se joindre à lui afin qu'ils se familiarisent avec l'accomplissement correct des différents rites ayant trait aux cérémonies sacrées. Depuis son émigration à Médine, ce serait le premier et le dernier Hajj (Pèlerinage à la Mecque) du Prophète. Cinq jours avant le début du mois de Thilhaj, le mois du Pèlerinage, le Prophète se dirigea vers la Mecque, suivi de plus de cent mille pèlerins. Toutes ses femmes, ainsi que sa fille bien-aimée, Fatima, la femme de `Ali, l'accompagnèrent. Au cours de ce voyage, Abû Bakr eut un fils de sa femme Asmâ' Bint Wahab. IL fut appelé Mohammad.

Le Prophète arriva à la Mecque le dimanche 4 Thilhaj de l'an 10 A.H. Tout de suite après son arrivée, `Ali, qui revenait du Yémen à la tête de ses hommes, rejoignit le Prophète, lequel sembla très heureux de le revoir, et lui demanda, en l'embrassant quel vœu pour le Pèlerinage il avait fait. `Ali répondit : "J'ai fait le vœu d'accomplir le même Pèlerinage que le Prophète quoi qu'il arrive, et j'ai amené trente-quatre chameaux pour le sacrifice". Le Prophète s'écria joyeusement : "Allâh-u-Akbar" (Dieu est le plus grand), et dit qu'il en avait amené soixante-six. Et d'ajouter qu'il (`Ali) serait son partenaire dans tous les rites du Pèlerinage et dans le sacrifice. Ainsi, `Ali accomplit donc le Grand Pèlerinage avec le Prophète.

Etant donné que les différences, cérémonies devaient constituer des modèles à suivre dans l'avenir, le Prophète observa rigoureusement chaque rite, soit conformément aux Révélations faites à cet égard, soit selon l'usage patriarcal. Ainsi, lorsqu'on amena les chameaux à offrir en sacrifice, lui et `Ali se mirent à abattre conjointement les cent chameaux qu'ils avaient apportés. Et quand on prépara un repas avec la viande des chameaux sacrifiés, le Prophète s'assit avec seulement `Ali, et personne d'autre, pour le partager. Les cérémonies du Pèlerinage prirent fin avec le rasage des chevaux et le coupage des ongles après le sacrifice des animaux. L'habit du Pèlerinage fut alors ôté et une proclamation fut faite par `Ali, monté sur la mule du Prophète, Duldul, levant les restrictions du Pèlerinage.

A la clôture du Pèlerinage, le Prophète informa le Calendrier, abolissant l'intercalation trisannuelle et faisant l'année purement lunaire, consistant en douze mois lunaires, ce qui permit de fixer le mois du Pèlerinage selon les saisons changeants de l'année lunaire.
Le Sermon de Ghadîr Khum.


Faisant ses adieux à sa ville natale, le Prophète quitta la Mecque pour Médine le 14 Thilhaj. Sur la route, le 18 Thilhaj, il ordonna qu'on fasse halte à Ghadîr Khum, une région aride aux abords de la vallée de Johfa, à trois étapes de Médine, après avoir reçu la révélation suivante: "? Prophète ! Fais connaître ce qui t'a été révélé (Ici allusion est faite au Commandement contenu dans la sourate al-Charh qui dit :

1- N'avons Nous pas ouvert ton cœur?

2-3 Ne t'avons Nous pas débarrassé de ton fardeau qui pesait sur ton dos ?

4- N'avons Nous pas exalté ta renommée ?

5- Le bonheur est proche du malheur.

6- Oui, le bonheur est proche du malheur.

7- Lorsque tu es libéré de tes occupations, lève-toi pour prier.

8- et recherche ton Seigneur avec ferveur".

Dans le verset 7, Dieu a commandé au Prophète de désigner son successeur) par ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, tu n'auras pas fait connaître Son Message. Dieu te protégera contre les hommes; Dieu ne dirige pas 1e peuple incrédule" (Sourate al-Mâ'idah, verset 67).

On affirme que le Prophète avait déjà reçu l'ordre de proclamer `Ali son successeur et avait remis à une occasion plus appropriée l'annonce de cette nomination pour éviter qu'elle soit mal prise.

A présent, ayant reçu ce Commandement, il décida de l'annoncer sans aucun retard. Aussi fit-il halte sur le lieu même où il reçut le rappel. Le terrain étant déblayé, une chaire fut formée de selles de chevaux, et Bilâl, le Muezzin, s écria à haute voix : Hayya `Alâ Khayr-il-`Amal (ô gens, accourez à la meilleure des actions). Et une fois les gens rassemblés autour de la chaire, le Prophète se leva prenant à sa droite Ali, dont le turban noir à deux bouts suspendus sur ses épaules avait été arrangé par le Prophète lui-même. Le Prophète loua tout d'abord Dieu, puis s'adressant à la foule, il dit : "Vous croyez qu'il n'y a de dieu que Dieu, que Mohammad est Son Messager et Son Prophète, que le Paradis et l'Enfer sont des vérités, que la mort et la Résurrection sont certaines, n'est-ce pas ?" Ils répondirent tous "Oui, nous le croyons". Il les informa alors qu'il serait rappelé bientôt par son Seigneur, puis il prononça cette adjuration : "Je vous laisse deux grands préceptes dont chacun dépasse 1'autre par sa grandeur : ce sont le Saint Coran et ma sainte progéniture (dont les membres inéchangeables sont : `Ali, Fatima, Hassan et Husayn). Prenez garde dans votre conduite envers eux après ma disparition. Ils ne se sépareront pas 1'un de l'autre jusqu'à ce qu'Ils reviennent auprès de moi, au Ciel, à la Fontaine de Kawthar". Et d'ajouter : "Dieu est mon Gardien et je suis 1e gardien de tous 1es croyants".
`Ali Déclaré Successeur du Prophète.

Ce disant, il prit la main de `Ali dans sa main, et la levant haut, il s'écria : "Celui dont je suis le maître, `Ali aussi est son maître. Que Dieu soutienne ceux qui viennent en aide à `Ali et qu'IL soit l'ennemi de ceux qui deviennent les ennemis de `Ali". Ayant répété cette proclamation trois fois, il descendit de la plate-forme dressée et fit asseoir `Ali dans sa tente où les gens vinrent le féliciter. `Omar Ibn al-Khattâb fut le premier à congratuler `Ali et à le reconnaître comme le "Tuteur de tous les croyants".

Après les hommes, toutes les femmes du Prophète ainsi que les autres dames vinrent féliciter `Ali A la fin de cette cérémonie d'installation, le célèbre verset suivant du Coran fut révélé au Prophète : "Aujourd'hui, j'ai perfectionné votre religion et j'ai parachevé Ma grâce sur vous; j'agrée l'Islam comme étant votre Religion" (Sourate a1-Mâ'idah, verset 3). Le prophète se prosterna en signe de gratitude.