Le martyre de Karbala -1-

Grâce au nom de Dieu le Tout-Miséricordieux et Très-Miséricordieux

‘Ashourâ’ est le dixième jour du mois islamique de moharram au cours duquel ce martyre eut lieu et au cours duquel il est toujours commémoré avec la plus grande ferveur par les fidèles de la Famille du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens.

Karbalâ et ‘Ashourâ’ sont ainsi le cœur palpitant des fidèles des Gens de la Demeure prophétique, par qui nous vient la Paix, cœur palpitant qui n’a cessé, au cours des siècles, de maintenir en vie l’esprit de justice et de vérité et continuera de le faire jusqu’au dernier Jour de ce monde.

Plutôt qu’à une analyse historique qui ne peut qu’escamoter les dimensions les plus spirituelles et les plus humaines de cette tragédie, c’est à un récit que je vous convie, un récit semblable à ceux qui se transmettent depuis des siècles dans les réunions commémoratives du martyre de Karbalâ’. Mais avant de commencer, je vous invite à goûter quelques propos des Gens de la Demeure prophétique, la Paix soit avec eux, et quelques vers d'un de leurs fidèles poètes.

Ahmad Ibn Hanbal, grand collecteur des faits et dires du noble Prophète Mohammad, Dieu le bénisse lui et les siens, rapporte dans son Mosnad (vol.1, p.85, had. 648) que l’Imam ‘Alî, que Dieu ennoblisse son visage, a dit :

Un jour que j’entrais chez le Messager de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, ses yeux débordaient de larmes. Je lui demandai :

« O Messager de Dieu, quelqu’un t’aurait-il fâché ? Pourquoi tes yeux débordent-ils de larmes ?

— L’ange Gabriel, me dit-il, vient de me quitter. Il m’a raconté que [mon petit-fils] Hossayn sera tué au bord de l’Euphrate. “Veux-tu que je te fasse sentir de la terre [où il sera tué]?”, me dit-il. Je répondis que oui. Il tendit alors la main, prit une poignée de [cette] terre et me la donna… Alors je n’ai pu empêcher mes larmes de couler. » (Mosnad Ahmad Ibn Hanbal, vol.1, p.85, had.648).

Il est aussi rapporté de l'Imam ‘Alî Ibn Moussa ar-Ridâ, petit-fils de l’Imam Dja‘far as-Sâdiq, lui-même arrière-petit-fils de l'Imam Hossayn, la Paix soit avec eux, qu'il a dit:

« Moharram est un mois durant lequel les gens de la Djâhiliyya considéraient comme illicite de faire la guerre, et voilà qu'ils ont considéré licite d'y verser notre sang, qu'ils y ont porté atteinte à nos dignes épouses, qu'ils y ont capturé nos femmes et enfants et qu'ils ont mis le feu à notre campement et pillé ce qui s'y trouvait de nos trésors: ils ne firent en rien preuve du respect dû au Messager de Dieu en ce qui nous concerne.

En vérité, le jour de Hossayn a meurtri nos paupières et fait couler nos larmes. Celui qui nous est cher a été avili en une terre de Karbalâ qui nous laissa en héritage l'affliction (karb) et l'épreuve (balâ') jusqu'au jour où tout sera fini. Que ceux qui pleurent pleurent donc sur quelqu'un comme al-Hossayn, car de pleurer sur lui diminue les grands péchés.

Lorsqu'on entrait dans le mois de moharram, jamais on ne voyait mon père rire. Il était dominé par la peine jusqu'à son dixième jour, et lorsque ce jour arrivait c'était pour lui une journée de malheur, de tristesse et de pleurs, et il disait: « C'est le jour en lequel on a tué Hossayn… »