Réaction de Abu Bakr et de 'Omar

Voyons maintenant, selon certains historiens de renommés, le commentaire d'Abu Bakr après avoir écouté Fatima Az-Zahra. 

Il déclare : " ô la fille du Messager de Dieu ! (…) Sans aucun doute, le Prophète est votre père et d'aucune autre femme ; le frère de votre mari et non d'un autre homme ; sans aucun doute il l'a préféré à tous ses compagnons et sans aucun doute aussi, Ali l'a soutenu dans tous les événements les plus cruciaux ; seul l'homme heureux peut vous aimer et seul l'homme ingrat et mauvais peut vous nuire. 

Vous êtes la progéniture bénie du Messager de Dieu, les Elus parmi les autres, nos Guides pour notre bien, notre voie à suivre pour parvenir au Paradis, et vous - la meilleure des femmes - et la fille du meilleur des Prophètes, véridique dans ses conclusions, excellente dans son raisonnement. Vous ne pouvez pas être dépourvue de vos droits ni suspectée dans votre revendication (…) 

Cependant, j'ai sûrement entendu votre père dire : " Nous, le groupe des Prophètes, nous ne faisons pas hériter les biens matériels, or, argent et immeubles, mais nous faisons hériter le Livre Saint, la sagesse, la science et la Prophétie. Et ce qui nous appartient en moyens de vie appartiendra au successeur après nous qui le gérera. " Bien, il en est aujourd'hui ainsi de ma position et de la propriété dont les revenus serviront au budget de la guerre et de la défense des Musulmans, et cette décision a été prise d'un commun accord entre les Musulmans, Elle n'émane pas d'une décision personnelle. Je n'abuse pas de mon pouvoir. Voilà mes biens, je les mets à votre disposition. ô vous l'illustre Dame de la Nation de son père, et l'arbre béni de sa descendance… Voilà ! Pensez-vous encore que je viole la parole de votre père ? " 

Alors, Fatima rejettera l'argument d'Abu Bakr faisant état d'un propos du Prophète disant que les Prophètes ne laissent pas d'héritage. Elle lui opposera l'argument coranique apportant les preuves du Droit d'héritage de la progéniture des Prophètes. Elle s'exclamera en disant : 

" Gloire à Dieu ! Mon père, le Messager de Dieu, ne s'est jamais éloigné ni opposé aux préceptes inscrits dans le Livre de Dieu, ni pratiqué, ni inventé, ni légiféré des lois qui lui soient contraires. Il a strictement et toujours pris à la lettre les recommandations et commandements divins, il s'en est toujours tenu à l'application des versets coraniques. Conspirerez-vous encore contre sa mémoire après son décès ? Allez-vous énoncer de faux témoignages et propos en son absence, selon la manière habituelle qui engendraient complots et séditions, dont mon père était la victime sa vie durant ? Alors que le Livre de Dieu est clair et édifiant en matière de règlement de tous litiges. Il y est écrit concernant l'héritage : " (…) Il héritera de moi ; il héritera de la famille de Jacob (…) " " Salomon hérita de David (…) " 

Dieu, exalté soit-Il, a clairement inspiré et réglementé le Droit de l'héritage en désignant : les ayants droit, les principes du partage, la part qui revient à l'homme et celle qui revient à la femme, pour que soit écarté l'esprit de scepticisme, de suspicion des imposteurs et d'équivoque des égarés ! 

" Vos âmes, plutôt, vous ont suggéré quelque chose en vous faisant croire que votre action était bonne … (Il ne me reste plus donc) qu'une belle patience ! C'est Allah qu'il faut appeler au secours contre ce que vous raconter ! " (Coran 12/18) 

Alors, Abu Bakr reprendra la parole pour dire : " Dieu est Véridique ainsi que Son Prophète. Sa fille est véridique. Elle est la source de la sagesse, le lieu de la Guidance et de la Miséricorde, le pilier de la Religion et l'argument irréfutable. Je ne peux écarter votre esprit de droiture ni refuser les propos de votre discours. Toutefois, entre vous et moi, il y a ces Musulmans. Ils m'ont prêté allégeance, rendu responsable, et conformément à leur volonté j'ai accepté. Je n'ai aucune intention ni désir de me comporter en despote ni vouloir bénéficier d'un quelconque avantage de ma position. Ils sont témoins. " 

Ces propos, Abu Bakr voulait qu'ils soient entendus pour apaiser les esprits. L'opinion publique, irritée de la tournure que prenaient les événements, commençait à manifester son mécontentement à propos du fait injuste imposé à la fille du Prophète. Des voix et clameurs s'élèveront de la foule en soutien à Fatima. Son discours était la révélation cruciale du moment. Pour calmer l'ardeur de l'assemblée, Abu Bakr proférera des menaces. Il nous a été rapporté que ce jour-là un grand nombre de personnes pleureront de chagrin. Médine était en effervescence. De partout, des protestations en soutien à Fatima se faisaient entendre. 

Alors, Abu Bakr, inquiété de l'ampleur du mouvement, dira à Omar : " Vous auriez dû me laisser appliquer la décision prise (la restitution de Fadak). Elle aurait apaisé les esprits. Puis, c'était, de notre part, la mesure à prendre la plus juste. " 

Omar rétorquera : " Une telle décision était nuisible à votre position et un grave handicap pour votre pouvoir. Je vous ai conseillé par compassion à votre égard. " 

Abu Bakr : " Quelle grave erreur que celle d'avoir oublié la fille de Mohammad ! Aujourd'hui, les gens ont été informés de la spoliation de ses droits, de son action en revendication et de nos complots en la matière ! " 

Omar se voulant rassurant : " Après tout, ce n'est qu'un événement du jour. Il sera rapidement oublié comme si rien n'avait été dit et accompli. "

Il déclamera quelque vers de sa composition dont la teneur exaltait le classement dans l'oubli de l'événement. Omar, s'adressant de nouveau à Abu Bakr lui suggéra ceci : " Accomplissez la prière. Acquittez-vous de l'aumône-azzakat. Recommandez le bien. Interdisez le mal. Assurez le tribut et les taxes. Respectez vos proches car Dieu dit : " Les bonnes actions dissipent les mauvaises. Ceci est un Rappel pour ceux qui se souviennent. "

(Coran 11/114) Voyez-vous, après tout, un seul péché parmi une multitude de bonnes actions ce n'est pas grave. Soyez rassurés ! " 

Abu Bakr, tranquillisé et satisfait des propos de Omar, lui tapotera l'épaule en signe d'approbation en disant ceci : " Vous avez contribué au soulagement de ma peine. "