Au vours de la récitation du Du`â', le Croyant qui prend conscience de sa dépendance totale à l'égard de Dieu et reconnaît son impuissance devant Sa Toute-Puissance, implore le Seigneur
pour qu'II satisfasse ses besoins les plus immédiats et les plus lointains, ses aspirations matérielles et morales et pour qu'II lui accorde le salut dans ce monde et dans l'Autre monde. Ainsi,
il est courant que le croyant implore Dieu, dans son Du`â', de lui assurer ses moyens de subsistance, la bonne santé, la prospérité, la bonne conduite etc... et il s'attend légitimement que Dieu
exauce ses voeux et subvienne à ses besoins. Mais le recours au Du`â', ne doit nullement nous conduire à croire que nous pouvons nous cantonner dans un attentisme passif et dans l'inaction totale
en comptant sur Dieu pour résoudre nos problèmes et satisfaire nos besoins. Une telle conception du Du`â' est tout à fait erronée, car l'Islam ne croit pas au miracle dand la vie générale de
l'homme, mais à la loi de causalité dont Dieu a doté les choses. En effet, Dieu a mis une cause à l'origine de toutes choses: la vie, la mort, la santé et la maladie, la pauvreté et la richesse,
la victoire et la défaite.
II a appelé l'homme à tenir compte des causes de ces choses et à compter ensuite sur Lui pour qu'II écarte les obstacles accidentels et imprévisibles qui entraveraient ses efforts ou qui
les dévieraient de la direction dans laquelle ils sont déployés. L'homme doit tout d'abord utiliser à fond les capacités intellectuelles et physiques dont Dieu l'a dotées, lorsqu'il désire
obtenir ou atteindre quelque chose, et ce faisant, il peut demander à Dieu de s'occuper de ce qui dépasse ses capacités: " Mon Dieu! J'ai fait tout ce que je pouvais ! Aide-moi donc pour ce qui
n'est pas en mon pouvoir" . Cette façon de se fier à Dieu aide le Croyant à faire face à son sentiment d'impuissance devant les forces occultes de l'inconnu. Donc le recours au Du`â', loin de
nous inciter à l'inaction, doit nous éviter de tomber dans le désespoir et dans le sentiment d'impuissance devant les forces qui nous dépassent. Car, dès lors que nous sentons la Toute-Puissance
de Dieu avec nous et que nous avons le sentiment qu'Elle pallie à notre impuissance, nous pouvons entreprendre, agir et déployer tous nos efforts sans craindre l'échec et sans être découragés
préalablement par les menaces de l'inconnu.
Pour conclure, rappelons que beaucoup de hadith nous disent que le Du`â' de celui qui ne tient pas compte des causes naturelles des choses (le travail pour gagner sa vie, le médicament pour
guérir une maladie, la force pour réaliser la victoire) ne sera généralement pas exaucé.
Abstraction faite de tous les besoins que nous demandons à Dieu de satisfaire pendant que nous faisons le Du'â', celui-ci est en soi, un besoin intérieur et naturel du Croyant. En effet, le
Croyant qui récuse toute forme de servitude en dehors de sa servitude à Dieu, éprouve parfois ce besoin de Du`â' à l'intérieur de lui-même, tout comme il ressent le picotement de la faim lorsque
son organisme a besoin de nourriture. Le Du`â' est pour ainsi dire la faim (du croyant) de tendresse et de paix dont ont souvent besoin le coeur et l'âme. Dans l'adversité, devant la pression des
problèmes qui l'accablent et lors de l`accumulation des crises intérieures et extérieures, l'homme a besoin d'exprimer et d'extérioriser les douleurs qui le rongent et le déchirent, et les
sentiments effervescents qui l'agitent, sans entamer sa fierté, ni blesser sa dignité. Pour se soulager et se défouler, tout en préservant sa dignité, le Croyant touve dans le Du`â' un milieu
naturel et un climat sain qui lui permet de se présenter devant Dieu avec une âme d'enfant, une âme limpide, pure, simple, spontanée, innocemment révoltée. II pleure et implore, se plaint et se
complaint, sollicite et insiste. II n'épargne aucun effort pour montrer l'étendue de sa faiblesse, une faiblesse dont il se réjouit, et se veut fier, étant convaincu qu'elle le rapproche de la
Source du Pouvoir Absolu dont il peut tirer la force de faire face aux difficultés inépuisables de la vie. Si la nature de l'homme est faite de telle sorte qu'elle a besoin souvent de montrer sa
faiblesse, il est rare que faiblesse rime avec fierté. La seule faiblesse dont on peut être fier est celle dont fait montre la créature devant le Créateur.
Ainsi, le Du'â' est, en dernière analyse, un facteur de renouvellement de la force de vivre chez l'homme. II évite à ce dernier de sombrer dans l'angoisse, de s'étouffer sous le fardeau de
ses problèmes et la pression de sa fierté et de devenir un homme démoralisé et comlpexé.