L'Imam Houssein releva Hour et, le serrant dans ses bras, l'embrassa

Hour, mon ami ! Je n'ai pas le moindre blâme à t'adresser. Ton courage et ton désintérêt pour les choses de ce bas-monde ont ajouté à ta valeur morale. Tu es mon invité ! Pardonne-moi de ne pouvoir rien t'offrir, ni à manger, ni à boire ! La veillée de Prière se poursuivit. Les compagnons de l'Imam Houssein entouraient celui-ci, et tous s'attachaient à se rappeler leur Créateur. Ils se promirent les uns aux autres que, tant qu'ils seraient en vie, ils feraient tout leur possible pour qu'aucun mal ne soit fait au petit-fils du Saint Prophète.

L'aube arriva. Ali Akbar, l'un des fils de l'Imam Houssein, récita l'Azane. Une volée de flèches, tirées par l'armée de Yazid, lui répondit. Les compagnons de l'Imam se séparèrent en deux groupes. Pendant que les uns priaient derrière lui, les autres se tenaient debout, serrés l'un contre l'autre faisant à ceux qui priaient un rempart de leurs corps, tant et si bien qu'aucune flèche n'atteignit ceux-ci. Les héros qui formaient ce bouclier vivant recevaient dans leur chair, sans défaillir, sans une plainte, cette pluie de flèches acérées... Quand tous eurent fini d'accomplir la Prière de l'Aube, vingt-trois des soixante-dix-sept compagnons de l'Imam Houssein étaient grièvement blessés !

Le soleil se leva. Les tambours de guerre de l'armée omayyade commencèrent à retentir. En même temps, près de cinq mille soldats assoiffés de sang crièrent à l'Imam Houssein d'envoyer au combat ses hommes... ses soixante-dix-sept courageux compagnons !